« Nous sommes morts »Opposants. "Est-ce que vous croyez que ces Anglais et ces Hollandais qui vont arriver supporteront longtemps l'odeur des canards qu'on gave ou le bruit des machines à vendanger la nuit ? Ils feront leur loi, et nous qui vivons de l'agriculture, nous sommes morts".
Voilà le genre de témoignages qu'on peut recueillir à Castelnau-d'Auzan dans le camp des opposants au Castel, fédérés par le collectif Pharaonisme et Tartarinades.
Malgré l'opération portes ouvertes, celui-ci continue à réclamer un référendum local, solution rejetée par le maire.
Dans sa lutte, le collectif revendique notamment le soutien du Modef, des Amis de la Terre, et de la Sauvegarde du Gers en Gascogne.
PHOTO: la maquette du projet qui suscite la polémique.
Opération déminageCASTELNAU-D'AUZAN. Le promoteur hollandais du projet immobilier Le Castel, qui divise le village, organise des journées portes ouvertes. Ambiance. Dès l'entrée du village, un panneau donne le ton : « Non au camp retranché, restons auzanais ». Par-dessus l'inscription, une main anonyme a peint une swastika. Ambiance.
Bienvenue à Castelnau-d'Auzan. 1100 habitants divisés en deux camps : pour ou contre Le Castel. Un projet immobilier de 327 logements qui implique l'installation permanente de 600 retraités d'Europe du Nord d'ici à 2009-2010. Avec possibilité d'extension.
Depuis plusieurs mois, cette perspective sème la zizanie. Un comité de défense, «Pharaonisme et Tartarinades », s'est ainsi constitué pour contrer le dossier porté par le maire, Philippe Beyries. Devant la situation, le promoteur hollandais Procapital a entamé une campagne de déminage. Ses représentants sont en déplacement dans le Gers cette semaine.
Après une présentation du Castel à la presse locale hier, ils mènent demain et ce week-end une opération « portes ouvertes» auprès des autochtones.
Rue de la Fronde. Fer de lance, le francophone Jos Van der Woude se fait fort de répondre à toutes les questions. Exemple : les opposants se sentent envahis par des «étrangers» ? « C'est la commune qui nous a approchés, et non l'inverse. Elle cherchait un projet pour le village, qui se vidait. » Le maire opine « Il y a dans la région des étrangers possédant des maisons isolées. Mais en vieillissant, ils perdent en mobilité. D'où l'idée de leur proposer ce concept. Avec une centaine d'empois induits pour nous. C'est une aubaine pour la commune. »
Autre inquiétude de certains Auzanais : l'impact du projet (65 ha, dont 54 000 m2 bâtis dans un premier temps) sur l'environnement. « C'est justement la pureté de la nature que recherchent nos clients. Beaucoup viendront grossir les rangs des associations environnementales », promet Jos Van der Woude.
Quant à l'aspect « camp retranché », il est nié en bloc par les promoteurs : « Le Castel s'intégrera dans l'urbanisme de la commune. Il n'y aura ni barrières ni gardiens », jure Cornelis Jacob Priem, directeur de ProCapital. Le groupe assure que les « nouveaux » Auzanais feront vivre l'économie locale : « Ces familles gagnent 50 000 euros par an, soit un pouvoir d'achat total de 30 millions d'euros. »
De quoi convaincre les réfractaires ? Jos Van der Woude n'en doute pas.
« Puisque nos amis sont contre et se sont bien battus, en mousquetaires, nous avons baptisé une voie du Castel "rue de la Fronde", en leur honneur. » Ou en leur mémoire ?
Gwenaël Badets